- échanson
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• fin XIIe; lat. médiév. scantio, frq. °skankjo♦ Anciennt Officier d'une maison royale ou seigneuriale, dont la fonction était de servir à boire à la table du prince.♢ Plaisant Personne qui sert à boire.échansonn. m. Anc. Officier dont les fonctions étaient de servir à boire à la table du roi, du prince.⇒ÉCHANSON, subst. masc.A.— HIST. et MYTH. Officier qui était chargé de verser à boire à un dieu, à un roi ou à un seigneur. Bientôt Lycus se lève et fait emplir sa coupe, Et veut que l'échanson verse à toute la troupe (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 207). L'échanson puisait, avec un godet de métal armé d'un long manche, le vin sombre et le vin transparent dans deux grands vases d'or (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 235).♦ Grand échanson. Dignitaire d'un royaume auquel étaient dévolus certains privilèges (cf. aussi bouteiller1). Sous l'ancienne monarchie, les charges de grand-amiral, (...) de grand-échanson, de grand-veneur (...) ne servaient pas même à relever l'éclat de la couronne (SAY, Écon. pol., 1832, p. 478).— P. métaph. :• ... si nous considérons cette odeur comme une essence liquide, au travers de la matière brute la goutte élaborée, présentée, c'est-à-dire rendue présente aux lèvres d'un souverain par toute cette nature qui est son échanson, alors nous avons la conception du calice.CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 12.B.— P. ext. et p. plaisant. Personne qui sert à boire. L'heure du dîner me place à côté de vous; je suis votre échanson (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1837, p. 277).Rem. On relève ds la docum. le subst. fém. échansonne. Jeune fille, femme qui verse à boire. Horrible vierge aux entrailles inaccessibles, verseuse de poison, échansonne de la mort, brute sublime! (BLOY, Journal, 1894, p. 119).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. eschanson « officier chargé de servir à boire à la table d'un roi ou d'un prince » (Lai Cor, 81 ds T.-L.); 2. 1797 p. ext. « toute personne qui verse à boire » (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, p. 386). De l'a. b. frq. skankjo « id. », attesté sous la forme scancio ds la Loi Salique (Pactus legis Salicae, éd. K. A. Eckhardt, t. 2, 1, 1955, p. 150 c) et, au VIIIe s., ds les Gloses de Reichenau (éd. H.-W. Klein et A. Labhardt, t. 1, p. 183 : pincerna : scantio); cf. aussi a. h. all. scencho « id. » (GRAFF t. 6, col. 519), all. Schenk. Fréq. abs. littér. :80.
DÉR. Échansonnerie, subst. fém. a) Corps des échansons. L'Hôtel du Roi, avec les (...) services de la panneterie, de l'échansonnerie (...), dirigés par des officiers (FARAL, Vie temps St Louis, 1942, p. 28). b) Un des offices du palais où se faisait la distribution du vin. Des basses-cours où il y avait vingt-deux laboratoires généraux depuis la fourille [sic] jusqu'à l'échansonnerie (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 149). — []. Ds Ac. 1694-1878. — 1res attest. a) av. 1278 eschançonerie « partie des offices de la maison du roi où se fait la distribution du vin » (Marques de Rome, 34 d 2 ds T.-L.); b) 1718 « corps des échansons » (Ac.); de échanson, suff. -erie. — Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. — QUEM. Fichier (s.v. échansonnerie).échanson [eʃɑ̃sɔ̃] n. m.ÉTYM. Fin XIIe; du francique kanjo, latinisé en scantio, scantionis (VIIIe).❖1 (Fin XIIe). Antiq. et moyen âge. Officier d'une maison royale ou seigneuriale (⇒ Bouteiller, domestique, sommelier), dont la fonction était de servir à boire à la table du prince. || Le grand échanson, le premier en dignité. — Myth. || Ganymède, échanson des dieux de l'Olympe.2 (1797). Fam., plais. || Échanson, échansonne : personne qui sert à boire. || Soyez notre échanson (→ Briser, cit. 1).1 Les buveurs d'Holbein remplissent leurs coupes avec une sorte de fureur pour écarter l'idée de la mort, qui, invisible pour eux, leur sert d'échanson.G. Sand, la Mare au diable, I, p. 12.2 En faisant ce métier d'échanson, Bilot affectait une religieuse gravité; on eût dit un prêtre de Bacchus officiant et célébrant les mystères de la dive bouteille.Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. I, VIII, p. 271.♦ Par métaphore ou fig. (Poét.).3 L'angélique échanson des couchants violetsPenchant l'urne du rêve emplit l'or vieux des coupes.Samain, Chariot d'or, Soir.4 (…) Belles personnes,Rayonnez, fleurissez, soyez des échansonnesDe rêve, d'un sourire enchantez un trépas,Inspirez-nous des vers… mais ne les jugez pas !Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, I, 4.❖DÉR. Échansonnerie.
Encyclopédie Universelle. 2012.